Phobies

Phobique ? Ce que l’hypnose peut faire pour vous.

« Je vous préviens, c’est ridicule… » c’est souvent comme cela que débute un RDV Hypnose avec une personne phobique. Une séance pour aborder un sujet qui nous touche parce qu’on ne le contrôle pas avec sa raison ou sa volonté : cette peur panique de quelque chose qui ne devrait pas nous effrayer autant.

Comment se déclenche la phobie ?

Par expérience, j’identifierais 3 déclencheurs récurrents : par mimétisme, par traumatisme, par métaphore (moins connu et pourtant très courant).

Le mimétisme face aux peurs est normal et même vital ! Les parents apprennent plus ou moins consciemment aux enfants à avoir peur d’éléments ou de comportements dangereux pour eux : peur de mettre sa main dans le feu par exemple. Mais il arrive que des peurs inutiles se transmettent inconsciemment : peur de l’eau quand un parent nage mal, peur du dentiste si un parent a souffert en étant plus jeune etc. Ces peurs par mimétisme, transmises en général par un adulte référent pour l’enfant, sont parfois très contraignantes, je vois souvent des personnes en RDV Hypno au moment où elles deviennent elles-mêmes parent, afin de ne pas transmettre leurs craintes inutiles à leurs enfants.

L’origine traumatique des phobies est facilement identifiable. On se fait par exemple griffer sévèrement par un chat, une peur panique des chats peut s’installer instantanément, ou des années plus tard, dans un moment de notre vie où l’on se trouve plus vulnérable : frappé par une grande fatigue, une maladie, un stress.

La cause métaphorique surprend souvent les personnes touchées, elle est toutefois fréquente. Elle se développe lorsque notre Inconscient ne fait pas la différence entre le sens propre et le sens figuré d’une expression. Voici pour clarifier le phénomène, quelques exemples accompagnés en RDV Hypnose :

  • Une femme qui avait subi un changement professionnel difficile, et à qui on avait reproché son « incapacité à s’insérer » dans sa nouvelle équipe, avait développé une phobie de conduire, en particulier à s’insérer sur l’autoroute, alors qu’elle avait toujours conduit avec plaisir. C’est ainsi que « Je n’arrive pas à m’insérer professionnellement », s’était traduit inconsciemment par la phobie de s’insérer sur la route. En travaillant sous hypnose sur sa capacité à s’insérer dans une nouvelle équipe, la phobie de conduire s’est arrêtée.

  • Un homme avait déclenché la phobie de s’étouffer en mangeant quelque-chose (phagophobie), il n’acceptait que certains aliments par crainte qu’un morceau « reste coincé, ne passe pas » alors que cela ne lui était jamais arrivé. Après avoir exploré plusieurs pistes, il s’est avéré que le déclencheur de cette peur de s’étrangler était un diagnostic annoncé brutalement, un diagnostic « qui ne passait pas, qui lui restait en travers de la gorge » comme on le dit familièrement : il venait d’apprendre sa stérilité. C’est donc sur l’acceptation de ce diagnostic que nous avons travaillé, et la phobie s’est rapidement stoppée.

Comment dépasser sa phobie avec l’hypnose ?

Première étape – Se réconcilier avec sa phobie.

En effet cette facette de vous, inconsciente, qui a créé la phobie n’a qu’une intention : vous protéger d’un danger. La phobie c’est la (sur)vie ! Pour ce faire, ce mécanisme inconscient qui joue les gardes du corps zélés, va installer deux comportements encombrants dans votre quotidien :

  • Une stratégie d’évitement,

  • Et une hypervigilance.

C’est ainsi que la personne qui souffre d’aviophobie (phobie de l’avion) ne partira finalement pas en trek en Patagonie afin d’éviter l’avion, même si c’est la destination de ses rêves. Cette personne optera pour un voyage faisable par d’autres moyens de transport, terrestres ou maritimes, et arrivera peut-être même à se convaincre que la Patagonie, en vrai, c’est surcoté.

Quant à l’hypervigilance, elle touche tous les phobiques. Elle s’illustre remarquablement de septembre à décembre chez les arachnophobes qui font un tour complet de leur chambre chaque soir, armés jusqu’aux dents (aérosol anti-araignée à longue portée et aspirateur), afin d’éradiquer toute menace qui serait venue se mettre au chaud pour l’hiver…

En résumé, l’évitement et l’extrême vigilance, qui sont les deux comportements handicapants de la phobie, ont été installés inconsciemment, dans un souci positif de surprotection face à un danger. Un véritable plan « Vigipirate mental » bienveillant, qui peu à peu devient épuisant et générateur d’angoisses au quotidien.

 

Deuxième étape – Négocier avec ce « Garde du corps » qu’est l’Inconscient.

Garde du corps, Policier du RAID, Ange gardien…chaque inconscient à son style de protection, on s’amuse souvent à le modéliser en séance d’hypnose, pour mieux le connaître, être reconnaissant pour le rôle protecteur qu’il a joué, puis entrer dans le vif du sujet : entamer les négociations. Parce que l’araignée qui se débat au fond de l’évier n’a certes pas toujours un physique facile, mais de 22H à 23H, les phobiques auraient tellement mieux à faire que cette chasse angoissante et vaine la plupart du temps.

C’est donc ici que l’hypnose entre en jeu : recadrage, mise à jour, négociation, approche métaphorique…les stratégies sont multiples et il s’agit de trouver celle qui accompagnera le mieux la personne phobique, jusqu’à un niveau de crainte ou de dégoût acceptable, voire jusqu’à l’oubli de la phobie. C’est le cas lorsque les sources de craintes sont habituellement sympathiques : on peut retrouver assez facilement un attrait pour les chiens, les pentes de ski, ou le plaisir de nager par exemple.

Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que l’hypnose aborde le problème sur le bon terrain : l’inconscient, l’émotionnel. Il est inutile par exemple, d’expliquer à un claustrophobe que passer une IRM est sans danger et que l’on peut en sortir ou arrêter facilement cette machine : les claustrophobes le savent bien ! Intellectuellement c’est très clair pour eux, le problème n’est pas la compréhension, c’est l’émotion irrationnelle qui survient à l’idée même d’être enfermé. En travaillant dans un état hypnotique (voir « Comment se passe une séance d’hypnose en ligne ») on accède à une forme d’introspection où le changement est beaucoup plus facile, un état de suggestibilité et d’ouverture idéal pour faire passer des messages impactant, à condition qu’ils soient sincères et réalistes. La séance d’hypnose est alors créée sur mesure, en direct avec la personne phobique, en fonction de ses objectifs, ses réactions, son émotion, son soulagement, son rythme unique.

L’hypnose fonctionne-t-elle pour toutes les phobies ?

Mon expérience m’incite à répondre que les phobies spécifiques (quand un objet particulier est déclencheur : chien, chat, araignée…) et dont l’origine est traumatique sont les plus faciles à gérer. Les phobies complexes, qui se déclenchent dans un contexte social (phobie scolaire par exemple) peuvent être plus longues à gérer car les déclencheurs sont multiples.

Il existe également des phobies particulièrement handicapantes car elles sont produites par nous-même, c’est le cas de l’émétophobie : la peur de vomir. Cette crainte très courante reste malheureusement taboue pour de nombreuses personnes. Difficile à vivre car la menace est fabriquée par notre propre corps, les stratégies d’évitement et d’hypervigilance prennent souvent une ampleur invivable socialement : on ne mange plus au restaurant par peur d’être intoxiqué, les transports en communs deviennent impossibles, tout l’entourage est soupçonné d’être contagieux d’une hypothétique gastro donc les invitations s’espacent…C’est l’isolement. L’accompagnement par l’hypnose de l’émétophobie peut être précieux pour les personnes qui ont décidé de dépasser cette problématique.

Et pour finir, voici quelques phobies moins connues que j’ai eu le plaisir d’accompagner en RDV Hypnose : peur panique des poules, pigeons, mouettes et autres bestioles à plumes; trypophobie (angoisse déclenchée par les trous et certaines aspérités), misophonie (bruits de bouche et fonds sonores répétitifs), phobie des guêpes (la saison débute fin avril avec les premiers pique-niques et se termine quand les arachnophobes prennent RDV, en septembre), l’éreutophobie c’est-à-dire la peur de rougir en public… La liste est longue et c’est à chaque fois passionnant de constater la puissance de cette surprotection générée inconsciemment. C’est aussi un immense plaisir de voir en séance l’agilité et la résilience dont font preuve toutes ces personnes qui décident de rencontrer leur inconscient, et de se libérer de peurs inutiles.